La fractographie, ça vous parle ? Comme son nom l’indique, il s’agit d’un ensemble de techniques permettant d’interpréter la forme des débris produits par la rupture d’une pièce afin d’en déterminer les causes. Les recherches sur le sujet permettent aujourd’hui aux acteurs industriels de développer des pièces plus résistantes mais aussi de comprendre pourquoi certaines se détériorent.
Tortoise Analytics est une start-up qui développe et commercialise des technologies permettant de comprendre et d’anticiper la rupture des matériaux. Concrètement, celles-ci permettent de remonter aux causes de la détérioration à partir d’un simple scan des débris produits par la rupture.
Depuis la finale de Start-up Connexion 2016, l’entreprise a connu une véritable ascension. Après deux levées de fonds, l’obtention du label French Tech et un recrutement, Tortoise Analytics compte aujourd’hui parmis ses clients trois grands groupes français et continue de séduire les investisseurs.
Occupant le statut relatif au « concours scientifique » dont peuvent bénéficier les chercheurs souhaitant concilier participation dans une entreprise et recherche, Laurent Ponson consacre 20% de son temps à Tortoise Analytics en tant qu’expert scientifique. Par ailleurs chercheur au CNRS, ses travaux relatifs à la rupture des matériaux se positionnent à l’interface entre la mécanique et la physique statistique des matériaux.
En 2016, notre entreprise n’était même pas encore créée. Nous travaillions le projet depuis 2015 et avions déjà déposé un brevet en 2014, mais Tortoise n’existait pas en tant que telle.
Start-up Connexion a marqué un vrai tournant pour notre projet. Nous nous trouvions dans une zone de flou avant d’y participer. Mais le concours nous a apporté beaucoup de visibilité et de confiance en nous. Par la suite, nous avons levé des fonds auprès d’un Business Angel et de la BPI, nous avons été labellisés French Tech, avons recruté une nouvelle personne et avons trouvé trois clients importants !
Tout d’abord il faut savoir que je me suis lancé dans cette aventure avec un ami de l’Ecole Centrale, spécialiste des problématiques entrepreneuriales. Cette complémentarité a été un vrai atout pour notre projet. Notre équipe se composant aujourd’hui de 3 personnes, et chacun est amené à gérer des missions très variées. Je vais sur les salons, je présente notre technologie à des industriels, défends l’importance technologique de notre méthode d’analyse à des investisseurs… Je suis donc dans une phase d’apprentissage de compétences nouvelles pour moi, et cela est très enrichissant. Je ne suis pas non plus déboussolé, parce que mes interlocuteurs sont souvent des personnes très à l’aise sur le plan technique.
Ensuite, j’aimerais souligner que j’ai été plus qu’agréablement surpris par ce nouveau monde qu’est pour moi l’entrepreneuriat. Contrairement aux idées reçues, c’est un milieu où la bienveillance et l’entraide sont évidentes. On peut réellement compter sur un réseau solide – constitué d’industriels, d’entrepreneurs, et d’investisseurs. Les acteurs que l’on y rencontre sont conciliants et conscients des difficultés que représente la création d’entreprise. De la même manière qu’un chercheur plus expérimenté vous aide dans votre travail académique, des acteurs plus familiers avec les enjeux entrepreneuriaux sont prêts à jouer un rôle de mentor pour vous soutenir.
En partant de mon expérience personnelle, je dirais que la clé est de se lancer avec quelqu’un de complémentaire. La notion d’équipe est très importante et réaliser son projet en solitaire est compliqué. C’est encore mieux quand la personne à des compétences complémentaires aux vôtres, notamment sur le plan commercial.
Les chercheurs peuvent également tirer profit des ressemblances entre les deux mondes. L’entrepreneur est, comme le chercheur, un pionnier. Il innove et avance souvent dans l’incertain. C’est d’ailleurs pour cela que les chercheurs s’en sortent souvent très bien : ils ont l’habitude d’évoluer sur ce genre de terrain mouvant. Et comme pour la recherche, il s’agit d’un boulot de passionné ! Je ne vais pas mentir, il y a de mauvaises passes. Mais cela rend l’aventure vivante et riche en émotions.
Posté le: lundi 14 mai / Catégorie: Actualités des anciens participants,Start-up Connexion