La radioactivité, est souvent synonyme de déchets, de danger, et de risque d’irradiation mais représente avant tout un phénomène physique qui opère dans notre environnement quotidien. La détecter permet ainsi de mettre en évidence une éventuelle contamination mais elle peut également être utilisée afin d’accéder à des informations auxquelles on ne la relie pas forcément, comme la qualité ou la composition des sols. Ces différentes applications liées à la radioactivité sont au cœur de l’activité de Mercure, la start-up en devenir du chercheur Émilien Wilhelm qui développe une instrumentation pouvant être embarquée sur un drone.
De l’hélicoptère au drone
Émilien Wilhelm commence dès 2014 une thèse au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) durant laquelle il développe des systèmes de mesure de la radioactivité dans le sol depuis un hélicoptère. Un imposant détecteur de radioactivité gamma est embarqué sur un appareil volant qui sillonne les terres. Le choix de l’hélicoptère s’impose, compte tenu du poids d’un tel équipement. L’objet de recherche original d’Émilien Wilhelm a permis une amélioration significative de la précision des mesures de radioactivité par voie aéroportée. Son travail qui l’a amené à sortir du laboratoire pour survoler la France et à effectuer un vrai travail de terrain, débouche finalement sur un projet entrepreneurial : Mercure.
Le projet Mercure prévoit de faire passer le détecteur de l’hélicoptère au drone, plus agile et maniable. L’objet pèse à l’origine une centaine de kilos, l’enjeu est désormais de le miniaturiser et de diviser son poids par cinquante, voire cent, tout en conservant sa robustesse et sa précision. L’objectif d’Émilien Wilhelm, à court terme est d’en tester un premier prototype.
Utiliser la radioactivité pour analyser les territoires
Les applications concrètes de son innovation ne manquent pas. La mesure de la radioactivité par drone permet ainsi de contrôler des sites qui survivront au démantèlement prochain des centrales nucléaires françaises et d’assurer l’absence d’impact radiologique pour la population. Mais pour la future start-up, mesurer la radioactivité ne se résume pas qu’à détecter d’éventuelles contaminations. C’est une manière de rendre visible l’invisible et de faire émerger des informations difficiles d’accès, en particulier en ce qui concerne les sols. Il est par exemple possible d’évaluer la présence d’engrais dans le sol, même dans ses couches profondes, grâce à un détecteur placé sur le drone. L’obtention d’une telle donnée n’est pas possible avec les autres méthodes, qui restent généralement surfaciques.
Les acteurs des secteurs de l’énergie, de l’agro-alimentaire, de la géologie mais aussi de la construction ont alors tout intérêt à s’appuyer sur ces systèmes de mesure aéroportés légers qui donnent accès à des informations précises. La start-up Mercure propose d’effectuer cette récolte et interprétation de données sur la radioactivité.
Posté le: vendredi 03 août / Catégorie: Grand Est